Instantané N° 42 janvier 2008

Pha-4

Personne n’est prêt à perdre la vie. Des élixirs de longue vie aux bricolages génétiques, l’homme cherche depuis la nuit des temps un moyen de prolonger son existence sur Terre. Dans sa quête de longévité, il a également tenté de comprendre le processus-même du vieillissement. Vieillit-on pour laisser une meilleure chance aux plus jeunes de se reproduire? Est-ce le résultat d’une accumulation d’événements négatifs – comme des mutations dans nos gènes par exemple – qui nous mènent inexorablement vers la mort? Ou nous a-t-on octroyé une certaine quantité d’énergie dont la consommation est à répartir entre notre reproduction et "l’entretien" de notre organisme?

Personne ne peut donner encore de réponse précise. Peut-être ne le pourra-t-on jamais. Cependant, il devient évident qu’un certain nombre de gènes jouent un rôle direct dans la longévité d’un organisme. L’un d’entre eux connu sous le nom de pha-4 a été étudié chez un ver, le nématode Caenorhabditis elegans. La protéine fabriquée à partir de ce gène est le facteur de transcription pha-4.

Pha-4 a deux rôles. Dans un premier temps, il participe au développement embryonnaire de C. elegans, et plus spécifiquement à la formation de son pharynx. Puis lorsque C. elegans est devenu adulte, pha-4 exerce une toute autre fonction. Si le ver se trouve dans un environnement pauvre en calories, pha-4 va lui permettre de vivre plus longtemps. Comment? Le mécanisme précis est encore mal compris. Toutefois, dans un environnement où il y a suffisamment de nourriture pour survivre – bien qu’elle soit pauvre en calories – le facteur de transcription pha-4 stimule la production d’autres protéines contrôlant l’équilibre entre les dépenses et les réserves énergétiques du ver.

L’effet bénéfique d’un régime pauvre en calories sur la longévité d’un organisme n’est pas une découverte en soi. La nouvelle avait déjà fait les gros titres dans les années 1930. Ce qui est nouveau par contre est le fait que des chercheurs aient pu mettre le doigt sur une seule protéine qui influence directement l’espérance de vie d’un ver, pourvu que son alimentation soit pauvre en matières grasses.

Existe-t-il une protéine semblable chez les êtres humains? Peut-être. Pha-4 ressemble à une famille de protéines connue sous le nom des protéines Fox A, qui sont impliquées dans la stabilité du taux sanguin du glucose – une source importante d’énergie pour l’organisme. Mais encore une fois, les hommes sont quelque peu plus complexes qu’un ver. Une seule protéine se révélera-t-elle être un commutateur entre "rester jeune" et "vieillir"? Difficile à croire. Entretemps, rien ne nous empêche de nous contenter d’un régime pauvre en calories. Sait-on jamais.

  • Defective pharyngeal development protein 4, Caenorhabditis elegans: Q17381